Portraits de professionnels

Les formations

Christophe D.

DEUST 'Métiers de l'eau' 1993
Conducteur de travaux de dépolltion, GRS Valtech, groupe Véolia

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?


Je suis né en 1959 dans le Nord et c’est en 1979 que j’ai obtenu un DUT Génie Civil. Par la suite j’ai eu un parcours assez tortueux, notamment en tant que saisonnier. Dans les années 1990, pour des raisons personnelles et familiales, j’ai dû  chercher un emploi à l’année. Je me suis tourné vers le génie civil mais sans succès. En concertation avec mon épouse, je me suis interrogé sur mon parcours professionnel. J’ai bénéficié à cette époque d’une aide de mon beau-père qui était  professeur sur le campus de la Doua et faisait partie de l’équipe pédagogique du DEUST et du DU hébergé au sein de la structure qui est devenue l’ig2e. Il m’a aiguillé en me disant : ‘on cherche des personnes qui ont un DUT Génie Civil, et qui  pourront avec la formation DEUST Métier de l’eau, travailler dans l’assainissement et dans les stations d’épuration’. C’est ainsi que je me suis retrouvé en 1992/1993 en formation continue dans la formation DEUST Métiers de l’eau.

Comment s’est  passée cette reprise d’études ?


Une reprise d’études, après 12 ans d’arrêt, ce n’est pas évident   Au début, mes connaissances se sont avérées insuffisantes ou imprécises. Avec le recul, je retiens un moment marquant du DEUST : le séminaire de deux jours sur les écrevisses.  Cette formation a permis de faire le lien entre tous les enseignements que nous avions eu jusqu’alors : la biologie, l’écologie aquatique, la chimie de l’eau, les eaux de rivières, la zoologie…. Le séminaire a permis de montrer les imbrications des différentes matières et de comprendre la globalité d’une action dans l’eau. À partir de ce moment-là, tous les éléments du puzzle se sont mis en place. Ce n’était plus une formation multiple mais bien unique, complète, cohérente. J’ai eu un vrai  déclic ! …

Votre parcours professionnel après cette formation ?


J’ai travaillé pendant 6 ans à la Lyonnaise des Eaux, avec une composante très administrative. Puis, presque par hasard, j’ai répondu à une annonce de chef de chantier et j’ai intégré le secteur de la dépollution de site, d’abord pendant 6 ans chez Sita Remédiation puis depuis 6 ans chez GRS Valtech (groupe Véolia). J’occupe officiellement un poste de conducteur de travaux de dépollution mais je préfère le terme de coordonnateur : au sein d’un chantier, je coordonne les équipes de  travaux publics, les transports, les rendez-vous en centre d’acceptation des terres. Je gère la co-traitance quand une entreprise extérieure intervient dans le cas de renforcement de talus (technique dite berlinoise) ou pour installer des pompes  pour rabattre une nappe.

Quel est votre point de vue sur ce métier ?

Notre société intervient dans le cadre de missions très variées du secteur de la dépollution. Notre action concerne le terrassement avec le tri des terres, mais également les interventions in situ dans le cadre de suivi de nappes (avec des  piézomètres et du prélèvement d’eau) et dans le cadre de pompage ou d’injection. Toutefois, chaque chantier est différent. On ne réfléchit pas de la même manière sur un chantier de terrassement que sur un chantier in situ. Et même sur deux  chantiers qui utilisent la même méthode, il y a de nombreuses différences et c’est ce qui fait la richesse de ce travail. Par exemple, l’environnement direct dans le cadre d’un chantier d’excavation va profondément impacter l’intervention. On ne peut pas intervenir de la même manière si le chantier se situe en bord de route, à un croisement, en pleine campagne, au milieu d’un site industriel… L’implantation du chantier, en dehors de la technique utilisée, va donc modifier notre façon  de travailler. De même, nous sommes obligés d’adapter notre stratégie d’intervention à la pollution trouvée. En principe, nous agissons selon la technique du terrassier en démarrant au bout du chantier et en revenant peu à peu à l’entrée mais  de temps en temps ce n’est pas possible car notre chantier est dicté par les rendez-vous fixés dans les centres de traitement.

S’il y avait un chantier à retenir ?

Notre société a réalisé le chantier de la darse, à côté du Musée des Confluences. C’était un énorme chantier, qualifié de ‘chantier du siècle’. En effet tout était gigantesque : nous avons rencontré toutes sortes de pollutions, dû déplacer plus de  300 000 m3 de terre, travaillé avec des équipements qui étaient nouveaux pour nous, comme une dragueline... Nous avons aussi évacué de la terre dans 5 ou 6 centres de valorisation ou d’incinération... C’était un chantier très formateur qui  nous a permis de nous confronter à un éventail complet de tout ce que l’on peut avoir dans les chantiers de terrassement. Évidemment passionnant !


« Le conseil du professionnel » pour les étudiants qui liront votre portrait ?


Dans ces métiers, il faut mobiliser au quotidien des connaissances techniques et scientifiques dans plusieurs domaines : la conduite de chantier, la chimie, la géologie... Un bon professionnel doit être curieux, organisé, capable de gérer plusieurs projets ; il doit avoir l’envie de développer de nouvelles techniques… Par ailleurs, je suis un exemple qui prouve que quel que soit l’endroit d’où l’on vient, on a toujours la possibilité de rebondir, de bifurquer, vers un domaine qui tient  à coeur ou qui valorise : j’étais écologue dans l’âme, je me suis dirigé vers un métier conforme à mes valeurs !

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